Personnel de maison : 2006 – 2016, retour sur 10 ans d’évolution

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Depuis une dizaine d’années, le secteur des services privés, plus officiellement appelé le secteur des « services à la personne »,  a connu une évolution plus importante qu’au cours des 50 années précédentes.

Professionnalisation, Formation, Encadrement législatif, avantages fiscaux etc… sont autant d’actions, qui ont permis une avancée significative dans la reconnaissance des métiers, et dans la qualité des services offerts aux clients.

Lancé en 2006, le plan Borloo a eu un effet d’aubaine pour un grand nombre de créateurs d’entreprises et de professionnels. Les dispositifs créés via ce plan avaient pour objectif de développer la demande et réduire le travail dissimulé, grâce à des avantages financiers octroyés aux particuliers employant du personnel de maison (taux de TVA réduit, réduction d’impôts…).

Ces incitations au travail déclaré, ont favorisé le développement et la création d’emplois, notamment à travers le développement des entreprises de services à la personne.

Les Services à la Personne : des milliers d’emplois qualifiés attendus par les acteurs et par les clients

Entre 2006 et 2010, plus de 10.000 entreprises et associations ont ainsi été créées (source BIPE),  générant des centaines de milliers d’emplois qui ont été soit créés, soit rapatriés en emplois déclarés, faisant du secteur des services à la personne l’un des plus dynamiques en France.

Ces créations d’emplois concernaient en partie les métiers d’aide-ménagère, de Nanny, ainsi que de jardinier ou de coach informatique,  ce dernier métier ayant eu son heure de gloire à cette époque.

Pour accompagner la montée en puissance et la professionnalisation de ce « jeune (!) centenaire » secteur d’activités, un cadre social devait être institué afin de déterminer des règles claires de travail des professionnels. C’est ainsi que la convention collective des entreprises de services à  la personne fut signée par les partenaires sociaux en 2012.

Cette convention, qui concerne donc les entreprises Prestataires de services, s’ajoute à  l’autre convention collective historique du secteur : la convention collective du Particulier employeur.

Car oui, fait très rare en France, pour un même secteur d’activité, et pour le même métier, deux cadres légaux cohabitent suivant que l’on soit salarié d’une entreprise, ou embauché par un particulier directement. Malgré les disparités de l’emploi direct et de l’emploi prestataire, cette particularité se régulera dans les 20 ans à venir à n’en pas douter, la poursuite de la professionnalisation et la lisibilité des métiers en a besoin. Cela pourrait se faire par le regroupement ou une plus forte concertation des branches professionnelles et organismes représentatifs du secteur, voire par la création d’une seule et même convention collective, même si nous n’avons pas à ce jour les clés pour le faire.

La convention collective : une étape indispensable dans la professionnalisation et la structuration

La jeune convention collective des entreprises de services à la personne a permis d’écrémer une partie des nouveaux acteurs. Le cadre clair fut finalement un désavantage pour certains, du fait de la création de nouvelles règles impactant les obligations sociales ou financières des acteurs, et une force pour d’autres. Les acteurs les mieux structurés et les plus tournés vers leurs équipes, ont ainsi bénéficié d’une concurrence moins agressive, par rapport à ceux qui n’avaient pas mis l’humain au cœur de leur activité. La convention collective a amélioré les conditions de travail des salariés, ce sans toucher de manière significative à la liberté d’entreprendre et de gestion des chefs d’entreprises, managers ou des services RH.

Tous ces outils, fiscaux, sociaux, administratifs, en faveur des particuliers-employeurs, des entreprises et associations et des salariés, ont finalement permis de structurer les métiers, le marché et de le rendre d’autant plus attractif pour les employés et pour les clients.

Poursuivre la formation et la professionnalisation  au profit du temps libre des populations

Aujourd’hui, 10 années après ces premières mesures, les objectifs sont de favoriser encore plus la formation, le développement des compétences et la valorisation du secteur.

Pour y arriver, la création de nouveaux diplômes et formations, réellement adaptés aux attentes des employeurs, est nécessaire. Et il semble important de ne pas oublier que les clients finaux ne recherchent pas une simple aide, mais plutôt un savoir-faire, une aide qualifiée pouvant les assister et favoriser leur qualité de vie. Ces besoins sont les attentes de la société des 30 dernières années : profiter davantage de son temps libre. Et les professionnels des services à la personne y participent tout au long de l’année, sans doute tout autant voire plus que l’impact des RTT ou des congés payés.

Les services à la personne sont une aide sociale pour certains, pour la population fragile ou les populations dépendantes. Mais ils sont aussi une source d’amélioration de la qualité de vie et apportent du temps libre pour beaucoup d’autres, et pas seulement pour la part de la population ayant les plus forts pouvoirs d’achats.

Diplome et formation EPMC’est ainsi que certains nouveaux diplômes ont vu le jour : BAC pro service de proximité, BTS Services et prestation en secteur sanitaire et social (SP3S).

Certains autres diplômes verront également bientôt le jour. C’est le cas du BAC PRO Assistant de Gouvernance familiale, certification portée par IPERIA (organisme qui fédère et coordonne la professionnalisation des salariés du particulier-employeur). Et on peut l’espérer un jour, ce niveau BAC d’Assistant de Gouvernance familiale (AGF), en cours de reconnaissance,  constituera le diplôme de référence pour exercer les métiers de Gouvernante ou de Majordome.

Tous ces diplômes sont délivrés actuellement à travers des parcours de professionnalisation, des formations continues, voire même à travers la VAE. Demain, à l’instar des écoles hôtelières, ces formations seront assurées à travers des formations initiales, en CFA. Peut-on ainsi rêver d’une école des services privés, où l’on apprendrait l’art de servir à domicile, où l’on acquerrait des connaissances techniques poussées, en 2 ou 4 années, comme on apprend encore aujourd’hui le service au guéridon, le découpage en salle et les flambages, aux élèves des écoles hôtelières.

Les professionnels exerçant les métiers des services à la personne ont de réelles qualités humaines et un réel savoir-faire

Les métiers de Personnel de maison et plus globalement des services à la personne le méritent : ils nécessitent, pour offrir la qualité de service et le confort que recherchent les clients, un grand savoir-faire, des aptitudes et des qualités humaines fortes.

Ces valeurs sont appréciées par nos voisins Européens. Chacun connaît l’aura des Nourrices Britanniques ou des Majordomes Belges ou Néerlandais.

Demain, certainement, grâce à l’effort des partenaires sociaux, des branches professionnelles, des employeurs et des clients et grâce à l’effort des professionnels impliqués au quotidien dans le secteur, nous reconnaîtrons à leur juste valeur le métier des nourrices et gouvernantes Françaises.

Voire peut-être même… les Gouvernantes Européennes.

Laurent PASCAL
Directeur pédagogique
EPM Paris

 

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